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Z'onz'on

Z'onz'on

Merde ! tiens ! bien la peine d'en arriver là ! l'an deux-mille et quelques prunes de l'ère chrétienne, pour voir s'écrouler la littérature, pareille une vieille cathédrale ruinée, qu'elle s'étiole, et qu'elle coule et s'étale, comme une soupe grumeleuse et grasse sur le plancher.. Bien la peine que le sieur Rimbaud se décarcassât les pleins poumons et découvrît, sans ni le savoir ni le nommer, l'inconscient (" Je est un autre.[..] C'est faux de dire : Je pense. On devrait dire : On me pense. "), que Burroughs Seward Bill, et De Sade et compères s'y missent, frères de liens, scieurs de barreaux, découpeurs de mentalités, âpres désosseurs et marteleurs des potences des puritanismes.. La lettre s'efface, gommée par l'image unie.


Tiens, bon con ! le polar ! qui aurait dû ! jouir du croisement festif, de l'accouplement des genres, du mélange génique des sexes graphiques.. et bien que non ! Il s'aplatit le polar, il s'écrase, se terre à terre, ce vermiceau étranglé dans l'œuf, desséché avant l'âge dans sa coquille fossilisée, son humour noiraud n'aura pas accouché de la montagne reine aux pics hauts rocheux et fendu de ravines sanglantes glacières, les sommets manquaient d'oxygène pour ces citadins ignorants des airs sauvages, les rudes sentiers pierreux des déserts marnaient durailles, inconfortables pour leurs voutes et plantes pédestres. Tout au plus ces pélerins en chaussons, ces aventuriers du virtuel, choisissent-ils la vieille colline érodée, volcan éteint depuis des ères, que les troupeaux des pieux et paisibles randonneurs dominicaux fréquentent sans craintes, sauf la peur de l'entorse.. Et la facétie, faquin ! s'efface devant la morgue sér[i]osité d'écrivains gagne-pains âpres aux gains.. De noirs pue-la-sueur bulbaires, des forgerons industrieux, flaubertiens du parpaing de pages ! quelle garce époque de farces ! Jules Ferry invente la scolarité obligatoire ! pour mieux nous éduquer, ou nous enfiler plus facile dans le moule ? Travail Famille Patrie ! Siècles à Mains ! T'en chies Bob ? J'en chie ! je salive et je crache, je sue ma gorge, soit ! j'en dégueule les poumons mais mieux m'ampouler les mains à tirer, à corder des tonnes de moises et de lisses, de plateaux par grands vents, et croiser le verre avec mes potes prolos dans des trocs crades, que tapiner dans les salons de luxe, et mentir, et cirer des pompes vernies..
 

T'en chies Bob ? Vouaips ! j'en chie, j'ai signé, c'est pour, c'est marre ! pas grave ! l'métier qui entre ! Et bien ! vive qu'il sorte !
 

Pourquoi ? le polar ? que tu attaques si vivement, pourquoi ce sabre radical ?
ARTHUR !
C'est le temps des assassins !
Marquis ! Breton ! Destouches ! À la rescousse ! Hop ! Tant pis si l'on n'est pas toujours en accord, au moins, au moins, contre la cacophonie. Aux mains ! le meurtre considéré comme un bel art se cisèle magnifique, ça roule de source, et pratique, la saignée chirurgicale à la tronçonneuse.. En bûcheron maître principal. Abattre : le style rigoureux, la logique cartésienne - Descartes qui doute de tout sauf de dieu ! rien que ce fond de raisonnement annule tout son discours ! - Qui veut la peau d'Edgar Allan ? Ce cochon alcoolo mystique du caniveau qui eut l'outrecuidance de s'exclamer " Eureka ! ". Mon salaud ! Le tort que cet embouteilleur apporté aux livres.. il y a intégré, à la littérature, le sérieux, la rigueur, la virilité machiste, il l'a amputée, lui dévorant le rêve d'un seul texte [ et un livre à s'en vomir la cervelle ]. Flaubert et Poe, rien qu'à eux deux, à cause d'eux le polar est bi-polaire, binaire, affrontements de couples, bien-mal, début-[milieu-]fin, [métro-]boulot-dodo. Flaubert découpant-bichonnant son écriture, comme une dentelière minutieuse, jusqu'en sa moelle qu'il l'a travaillée, tant et tant qu'il l'a castrée, paralysée d'un mauvais coup de bistouri tranchant un nerf...
Aussi : le LEM ! Labyrinthe-Énigme-Monstre ! Golem ! Monstre mythique. Quel raccourci taillé dans la brousse, désastreux, à coups de machettes mal affûtées, qui débouche sur la série tentaculaire tant attendue.. L'imagination forestière plate comme une eau minérale, le talent scalpé, le gauchisme de poche - pas même révolver la poche ! Et je t'en trimballe, avec des jeux de mots de lendemains de cuites, des paroles indignes du plus ignoble habitant de sous les arches, et du syle ! stylographe !!
Ça ? Des écrivains ? Rires de l'assemblée... Des maçons ! Te bâtissent un livre brique après brique, et de nos jours ils assemblent des plaques de placoplâtre pour aller plus vite, pour faire plus lisse, isolation phonique comprise... Cheval reviens ! ils sont devenus mous ! Rires des genoux de l'assemblée... Pis ! pas vraiment le choix, ça ! ou la littérature de gare genre gore goret américain, sans glandes, sans âme, sans cœur, sans corps, qu'un brillant de parquet publicitaire, léché, astiqué, lustré et relustré.. l'odeur du produit à chiottes me gratte les narines, me démange le sinus, les parfums de synthèse empesantissent mon oxygène... Froid ! morne ! rouge sauce tomate. Toujours !
Toujours ?
Comme le sexe. Maintenant.. prévu, prévisible, de fadasses salades, de filasses intrigues, du faussement monnayé, et des éjaculations calculées, des orgasmes calculés, des enculades calculées...
Et dans tout ce tas la poésie ?
La poésie ! Bordel de balai-brosse pour vieille carne, gesticulant stationnaire !
la poésie !
Une lueur faible quand même, un espoir, un dernier polar valable :
PULP !
Toujours !
L'autre chien de l'enfer !
Toujours !
[ Et là ça fait mal : ]
Always
Siempré
Toujours...


Tandis que le vieux poilu, tordu de peur et de douleur, perdu dans une ligne d'horizon hachurée d'arbres noirs grillés délimitant une colline percluse de cratères d'obus boueux. Tandis que ses pas au soldat tracent dans la neige gelée des pointillés rouges de sang qui goutte, lui sanglote : " plus jamais ça... "
Un kapo le fusille, ses yeux nouent des cravaches, ses sourcils sont des lanières de cuirs tressées, bruns inflexibles, le nez filin crochu, le fusille à bout touchant, sans balle perdue, prosit ! et ricane entre ses lèvres bleuies de glaces : " un de plus en moins... "... L'émir adore, il faut sangler les sanglots longs, tu connais la suite, la chanson... Moi, je tire ferme le rideau...
Poussières, les escaliers couinent, je vois double, je est un autre, folie du horla... L'art balète laisse le champ libre à l'art blêt, fruits sûris, miam, niet ! aspergés de fongicides, insecticides, arrosés de larmes conservatrices, de pleurs colorants.. L'émotion vendue en gris sachets dosés à l'épicerie du coin.. La chair grise du cochon tourne au beau rouge de salon dans les laboratoires d'emballage, la boucherie nappe dans l'édulcoloré et brode des tapisseries charcutières façon Picasso période rose, le spectacle est garanti, certes, cheap thrills... Aux oubliettes l'original, ils tristounent la ritournelle... Sexe dope et flouze... L'éclat de folie ne luit plus, n'est qu'une écaille amollie de plexiglace.. seuls des scintillements de lumières artificiels.. et là le bât blesse [ le bab' laisse ? le bas blé ? bas bleu ? ] dans de faux paradis... No Man ! des tas d'éclats froids d'écrans vidéos - et plus un seul fier écran d'arrêt.
- Ta gueule ! miaule le blondin figé face ma prune. Ta gueule ! Tes jeux de mots minables m'endolorissent le mental, tes jeux de mots bilent !
- Te minent, te sapent, t'apesantissent ! furies-je. Et c'est tant mieux, continues-je en tripotant d'un index insensible la queue de détente de mon Big Back Black Cat Gun. Tais-toi, tu vas gâcher ma soirée ! Toi le blondin en corsage marin, en velours ajouré aux cuisses, la tentation d'aiguiser mes lardoires et de tailler à l'arrache quelques pièces viandines dans tes chairs me gratouille, les grains de la vive adrénaline roulent et déboulent et me secoulent, de la crinière léoferrine jusqu'à mes pieds néo-ferré du lourd boulet pénitentiaire.
Un fruit ? Crois-tu crotale visqueux !

 

N'eut été son cul charmant et son membre de renom, j'aurais suriné aussi sûr, et sans une once ni une seconde toute ronde d'hésitation, aussi sec que le soleil tourne autour de la terre qui tourne autour du soleil qui tourne sur lui dans la galaxie qui tourne dans l'univers qui tourne. J'aurais asséché les veines bleues et les artères durcies par l'excès du blanc-bec à cul creux.
- Saucisse à foutre ! soufflais-je voluptueusement.
Et matelot de mon cœur, il ne baissa pas les yeux, il me mate. Un frisson d'urticaire malsain me durcit le gras du chibre, des contractions boursières boursicotent dans le bas-fond du caleçon. Pas deux heures passées ici, je sens déjà que ça va planer.
Dirty Caire le mousse, la mouise, moïse, the mouse, appelle-le comme tu veux, épelez-le si ça vous chante, espécialiste de la pelade à vif - lui, il pèle ses victime, à chaud, à froid, il s'en balance, si terne qu'il passe tranquille dans la houle, même sapé de phlox, même rayé de long en large dans une foule bananière.. Sa face épilée passe pile-poil entre les barreaux barbelés, il se fend la bouche en cul, se mouille les lèvres, happe le bout tendu du polard.. et le triture jusqu'à l'éjac. Dirty et Danty, deux frérots pas jobards qui malaxent les affaires avec les égards de transporteurs de viandes porcines froides.
Le matelot, le blondin jouasse, le minet pas poltron, pas jocrisse, l'astic ! qu'on le blaze nous autres les vieux ducs.. et deux-trois héros de pacotille. Y'a pas d'héroïne, pour cause, au Pénitencier de la Montagne Saint-Vic, sang pour sang mâle, mal, tu me vois venir, que de l'espoir qui aide à vivre, et rêver et mater le ciel et le soleil entre les grillages des lucarnes, et la grosse saleté de maladie, la chtouille ardente, qui se refile vite entre codétenus, rapide et sans traitement, qu'elle t'aide à claquer, en claquant des dents, en claquant des os, tout le squelette joue des castagnettes. En explosant le mercure du thermomètre, tu transpires quelques jours, tu délires, puis ton corps, déshydraté, se vide, t'es plus rien qu'une vieille baudruche pourrie et sèche.


Et ça pédale et ça ruade dans les pelouses arrières, histoires de se dégourdir les membres, et mieux vaut encore ce gourdin que la matraque solide au maton.. mate ! on ne sait jamais !
Et ma peau de couille, ma petite caille, paumé dans ce trou sans bords.. numéro matricule, m'ont immatriculé moi, moi qui n'ai pas de permis ni de caisse à moteur.. ces puantes caisses montées sur roulettes, leurs têtes aux carrés.. ici j'égare les neurones.
Et des bouts laids d'une nuit à l'autre...
Couille-Morte me glisse une pilule avec la plâtrée de purée jaune citron sulfurisé [ colle à papier, papier mâché, bouillie de chaux, emplâtre farineuse, amidonnage de synthèse, ce que tu veux, tout mais pas de la purée ! niet ! ], accompagnée d'un boudin cailloteux calciné gavé aux entourloupes - ces champignons jurassiens - quelle merle moule siffle jurassique ? que je le parque ! - couleur gris-souris, à chapeau tétonique lisse, à lamelles gris-gris-pâle, la marge du chapeau ourlée d'une fine et délicate dentelle blanche, vestige de l'éclosion, le pied est gris-beige, fin et cassant, fragile, il peut s'élever de dix centimètres et apparaître sur les blues du cheval, et pas que dans le Jura.

 

Juré !
C'est Mômile le cuistôt, velu du torse mais ras du chapeau, pestiféré préféré du grand cake de la taule, vil et veul, servile vénal, mais toujours vivant, et vif, Doktor es-bouffe, ancien pharmaco-chimiste dépendant, qui les a baptisés Entourloupe, juste que ça passe à la caisse sans casse, et que ça franchisse les portes blindées et les grilles et les postes de gardes. Le Mômile il te prépare son thé santé sans thé, et tu es assuré que le dodo vient sans bobo, sans dommages, ou si t'as pas le tonus c'est la tisane spéciale à Mômile, la Came-Mômile qu'ils disent les zabitants des quatre murs.
Et qu'en bonus il t'offre la Luce - oui, celle qui.. C'est du rêve, mais quel rêve, quel panard, tu vois la lune en plein jour, avec des feux d'artifesses tirés et des chassés-croisés fluorescents, des inflorescences effets versantes, féeriques, qu'il fignole dans ses serres.
Tu vois l'œil rouge et jaune unique du diable, tu perçois les tambours de l'Afrique, vibrations qui roulent comme des rivières charriant la terre, et les serpents ors verts de l'Asie lointaine, et les flammes bleutées de déesses sibériennes, l'effluve des fleuves te laisse alité.. ton lit : montagnes riantes, vallées ivres, la lumière joue comme une musique et colore les arbres lovés dans les couvrantes, un chouette oiseau joue de ton saxo sur son bec.. enchâssé de pierres perforatrices de rectums, qui me crucifiaient sur place, empalé pour le plus grand bien collectif.. le soleil larde ta peau chocolatée, écaillée de dominos, dominée par la danse démoniaque de la dame tapie dans ton sang envenimé, de ses tentacules. Tu sens, l'odeur fétide, cadavéreuse, de l'isoloir, et les grosses mouches comme des molaires qui te caressent, qui t'énervent, de leurs ailes bleues à reflets sanglants.
" Purée-boudin aux entourloupes ! " qu'il besogne en poussant la cantine grinçante de ses roues et rouages.
- Alors la pilule, enrobée de plistac pour la protéger des intempéries - le maton-chef est une intempérie, l'intempérie principale, sa voix tonnerre de Zeus, et le coup de foudre qu'il te l'assène à grands renforts de gourdin -, alors la pil' je la coince avec un caramel choumaillé sous le rebord externe de la fenêtre. Parfois ce vicieux de maton confond foudre et foutre, ce salopard uniformisé, qui se déclare le Suprême, se déboutonne dans un coin de pénombre et te colle son braquemard rance en plein dans le mille, sans manières, le matador de l'ordre entre sans frapper, sans s'essuyer les chausses, bélier moyen-âgeux qui t'estomaque et te catapulte sa purée de poix bouillante au fin fond de tes entrailles.
- C'est un fumier, personne ne le peut nier.
- Mais je n'ai rien à craindre de ce grandiloquent barbare, mon dossier médical est en rouge, ne craint-il pas de choper ma moisissure çui-là, enquel cas sa tonsure tournerait au plomb et ses gonesses choiraient, lourdes de bactéries et de malheurs, brunes comme ses idées, sèches tout autant, son corps et son cul jutant le pus et le sang virulent. Les viciés seront farcis de l'intérieur.
Le temps est bloqué ici, pas de sablier, juste des tas de cailloux secs derrière des murs hauts et tessonnés. Passer le temps à bavasser, les souvenirs affluent et te secouent le mental comme un cocotier, et les noix te tracassent la tête. Les mecs racontent leurs histoires, vraies, fausses, on s'en branle, la seule vérité est celle des quatre murs armés de bétons infranchissables. Alors laisse causer le client.
- Mes dix-sept piges, j'enculadais de gauche à droite, j'éjenculais par devant par derrière, du sperme à ne plus savoir qu'en foutre, hommes, femmes, bio-mutes, tous bismuthés à l'azimuth de mon étendard dardant.. j'écoutais Gainsbourg en boucle, lisais Ginsberg à l'envers, je taillaidais Burroughs et Burgess en rondelles, sans quartier.. je versais dans l'écart de conduite. Avec Verlaine, ce vieillard solitaire du verre, je fricotais des pouliches overdosées trafiquées aux pilules. Matafs, aventuriers, chinois égorgeurs, pirates motorisés de la route informatique, motards masqués aux cuirs tannés, aux culs tirés de trop de pétarades, aux traits paillés, cotards casqués aux muirs cannés.
Le coq fier masticant sa coca. Ma bite écarlate attirait les traves en chantiers, rien d'autre ne m'occupait que ma bandaison, et l'écartement de mon sphinx. Pas d'énigme, pas de jeu - de la séduction ou autres excuses gamelles attachées aux joutes du sexes en épreuves préliminatoires.

 

Porte-drapeau des mutations je paradais héhé au paradis.. les caméras des télés planquées infiltraient leurs yeux borgnes mouchards de verre poli de capteurs numériques pour saisir l'instant précieux, le moment unique, pour capturer le : Jaillissement ! Jamais en renonce, jamais en renâcle, je bavorblachais assis avec en permanence dans l'anus un phallus rose chamallow - croissant mon expérience : c'est quand la lune est pleine et peine et s'emplit que l'on pine sans plis - assis dans un fauteuil ectoplasmatique aux accoudoirs en peaux de guépards, au dossier tonitruant de trône spectralement royal, rehaussé de coulures marbrées, de dorures d'argent torturées.. ma cour nombreuse de gigolos élégants, d'éphèbes d'ébènes, de girls virilisées vrillées du cerveau, de voyous voraces, avides de mon vit, de peaux nues bleues pailletées dansant lascives sous les rayonnements laser d'Hiroshima. Poudre et foutre, foudre et poutre.. à portée.. escorté par des molosses colosses à colliers cloutés pénétrant leurs cous roses.. la Barbarie animait mes soirées, Barbara s'était barrée, avait brisé l'osmose et mon cœur - sale petite catho bourgeoise scato piteuse qui plus tard devint putain du roi et lectrice des astres. Elle ! Elle ! qui m'a balancé.. péripatéticienne pathétique...
 

- Car, hélas, et Sade te le dira, et d'autres aussi, la jouissance et l'abondance posent leurs limites que le corps ne peut ignorer. Et la Société marque son territoire en imposant aux plaisirs de l'homme des frontières qu'il n'est ni sensé ni autorisé franchir. Le corps pâtissait.. héroïne de merde de Caliban ! la gueule envapée, dans les nuages, cristallisée.. puis la gueule dans la lunette, la cuvette, j'y rends mes abus, le gosier me brûle, émail piqué de grises et rouilles trainées. Ma scatologie solitaire.. je hoquète.. gouttes froides sur le front glacé [ quel abruti compara la sueur à des perles, ainsi glorifiant l'effort ? ].
- Un Commandan'té en bras de chemises brunes claque ses fers sur la dalle de béton armé, les galons étincellent sur son uniforme ciré, ses galons font pshitt.. je moque la pose solennelle de l'acacadémilicien, ses yeux soyeux me fouettent, cravaches aux lanières de cuirs sang-de-bœuf, à nu, les cellules de l'épiderme éclatent en rougeoyant, une oraison funèbre court sur l'ossature désarticulée qu'ils ont sortie du cachot borgne.. mon squelette démantelé. La moustache, fine, vernie, soigneusement taillée, du Commandan'té acacadémilicien frétille, des perles, des pertes, de salive luisent dans les poils, les muscles de la mâchoire inférieure sont bandés et tendent les joues et l'encolure de saillies veineuses, ses joues de glace sous le soleil explosif d'août, ses pommettes marquées par les embruns pétroléifères dressent un rempart contre le sentiment et l'émotion, ses pantalons à la couture rouge jaune rouge, sur laquelle se soudent les doigts, enflent en battements saccadés à hauteur de la braguette. Le rituel de l'interrogatoire serré, très serré.

Les sangsues de la censure ; ce désirable Commandanté Adolpho " Béni de Dieu " Junior Blitzreich, tête unique de l'État de Grâce, le bien-nommé, le fondateur fondamental de l'Église Universelle [ celui qu'entre nous nous appellerons le Dingue, celui qui unifiera les trois religions, et les pacifiera et les armera, celui qui guerroyera au nom de Dieu et chassera les chiens jaunes infidèles, et décapitera les chiens rouges athées - les millénaires passent et les Guerres Froides animent encore leurs spectres militaires menaçants et sires mortuaires ] ; le napalm roule ses vagues illuminescentes sur la grève des proproles - tu sais, ces gusses pas tout propre, gris-verts de la poudre qu'il ramassent dans les mines, aux yeux chafouins et rapaces, et nyctalopes, aux bras balourds aux bouts desquels s'agitent des moignons mécaniques pour y venir greffer les outils de leurs métiers, des puants de sueur, des puants du bec, des puants la faim, tous météques mecs, des mecs comme toi et moi.

Le dos au mur, la tête en arrière, les yeux clos, les bras pendants, le torse et l'abdomen rentrés pour éviter et parer d'hypothétiques coups, les jambes fléchies, les pieds joints, le sang moite, les doigts noués, il écoute bourdonner ses mains. Adossé au mur comme à la rude réalité, comme un prétendant au peloton condamné.. pour n'avoir pas su.. su quoi ? Accepter ? Ou se soumettre ? Est-ce pareil? N'est-ce pas pareil ? Ne pas savoir s'intégrer.
Puisque l'intégration est un motif politique, une idée dans l'air du temps. Impossible de reculer, et nulle envie d'avancer. Il ouvre les yeux, l'émotion a rougi la cornée, et les pleurs à se lamenter. Bien temps donc de larmoyer.. son regard vert qui louche lorgne la pendule murale. Ce gredin de La Bredouille l'avait emberlificoté, lui avait laissé miroiter - miroir aux alouettes, gentille alouette, c'est lui qui était plumé - des liasses dorées, des valises de billets, des monts et monceaux d'euro-dols. Belle embrouille.. le baratin insolent de la Bredouille, et sa belle gueule de turlupin, l'avaient berné et mis en poche. Le Michemile, spirant, qui avait croisé un jour, longtemps déjà, le chemin de l'escroc à griffes vernies, et en gardait un souvenir vif et une rancœur acide, tentait de consoler notre apôtre :
- T'as rien à faire, je m'occupe de tout, toi tu bouges pas, tu fais rien, je vais te la régler cette histoire, crois-moi, en deux coups de tuyères à peau.. et sa peau j'en ferai un tambourin pour tes mioches.
- Quand même...
- Quand même quoi ? t'as pas confiance en moi ?
Jipé matait de son œil distrait une course de supers-cars à la téloche, la télécommande avait chuté et le boitier gisait ouvert sur le carrelage, les batteries avaient roulé, l'une immobile sous la table basse en bois, l'autre, invisible, sous le canapé. Il s'en foutait, il écoutait le Miche comploter pour faire tomber ce sacripant de Bredouille.. il bailla, s'étira les membres supérieurs et lança discrétement le regard vers la fenêtre noire.
" Il contemplait la faille béante, une bouche édentée aux lèvres noires de sang sec, qui s'ouvrait devant lui, à laquelle il ne pouvait échapper. La grande poésie du Tonton Bill cavalcadait dans son crâne en échos distordus, ressorts cassés, lames rouillées, scies musicales rognant les os, un bain rouge, des bulles d'air perçaient d'un poumon arrangé par le forêt graisseux de l'assassin patenté ganté de soie. Vieil argent qui luit, les pupilles gainées de cloques explosaient dans la nuit en sifflant.. en sifflant quoi ?
Maïam, maïam...
Sur le ruban brodé de liserés blancs, dentelles de bitume mou, les puanteurs ammoniaques d'urines chaudes, le crachin résineux et noirâtre ternissent les dômes des villes, maculant les toits et les murs briqués. Un macareux blinos appelle le puissant pressé.. sa gorge gloglotte des sons carieux, cette gorge dans laquelle grésille un micro-parleur acheté à prix bradé, branché sur les neurones vocales. Son sexe flasque bave le pus, ses yeux boulent, billards qui s'entrechoquent et claquent. Dédain. Hautain. Sperme. Le criminel s'était saisi d'une hachette et avait embarqué une arme à feu nourri automatique, il déversa une soupe impopulaire de pruneaux chaudards dans la vitrine froissée du faste-foude en plein boom. Une cliente - pull bordeau et jupe noire - engrangea la première balle en pleine oreille droite, son crâne implosa, ses yeux à l'iris bleu-violet s'emplirent de sang et.
La matronne était dotée d'une chatte - un trou luisant humide, jungle arachnéenne aux paupières roses - plus grande que ses yeux, qui s'enfournissait tout court vivant.. slurps.. le corps du rigolo disparut dans la semoule carnivore.
L'Apocalypse selon Saint-Juan traînait au caniveau au milieu d'étrons jaunes, oranges, verts et bruns, au milieu d'emballages trempés, de boîtes aplaties écrasées et de papiers crades, les pages illisibles que tournait le vent dégageaient un âcre parfum vinaigré.. kayo ! kayo ! jappait le chien qu'un curé venait de délester de sa peau.
C'est quand la poulette en costume de soies noires lamées à motifs fleuris incas et à soutif à poids s'est pointée que tout a commencé à décorailler.. je filais mon coton peinard, logé aux frais d'un vieux mac écossais - pas causant mais pas regardant non plus - dans un palace de la Côte Bleue, suite princière, bar toujours plein de somptueux alcools, padoque baldaquiné, draps de satins, piscine à l'étage, avec remous, bulles et bains de vapeurs à la rose, et les serviettes parfumées, les serveuses pas farouches, un steward particulier, et de la dope et de la monnaie en biftons de cinquante et des fruits frais dans des corbeilles d'argent.. le lupanar de luxe.. rien d'autre à faire que glander, bouffer, baiser, picoler... Pas besoin de sortir pour dégotter quoique ce soit, y avait tout à domicile, suffisait de passer un coup de bigo ou de sonner le steward.. vrai que par moments je m'emmerdais.. "
- Arrête ton char dassault, du baratin comme ça.. tu nous gonfles avec tes sornettes pour pucelles.. et sont même pas drôles tes conte de fées.

- La réalité est cette illusion à laquelle nous croyons.
- Hallucinations collectives, liesses, hystéries des masses.
- Les tribunes et les gradins dégoulinent de sueurs sales, l'odeur avinée du prole, les gesticulations primitives du Fooligang excité aux pilules et à la bière à bon tirage, les sièges à pattes de métal, à cul et dossier de plastique moulé, ancrées par d'énormes boulons, vibrent.. la structure de l'arène vibre.
Quarante-mille pieds en chœur rythmant la montée en jouissance de vingt-mille corps bandés gonflés à l'adrénaline. Et autant de poumons qui crachent l'air et de gorges qui éructent.. les yeux ivres des lumières qui tournoient, rouges, et des fumées, les joues gonflées, les mains moites levées paumes offertes. Collés aux vitres sales, des éclats de lumières...